首页 宗教 历史 传记 科学 武侠 文学 排行
搜索
今日热搜
消息
历史

你暂时还没有看过的小说

「 去追一部小说 」
查看全部历史
收藏

同步收藏的小说,实时追更

你暂时还没有收藏过小说

「 去追一部小说 」
查看全部收藏

金币

0

月票

0

无神论者的弥撒

作者:巴尔扎克 字数:25049 更新:2023-10-08 19:20:04

天天读书网(www.book.d78i.com)整理La Messe de l’athéeBalzac, Honoré deA propos de Balzac:Honoré de Balzac (May 20, 1799 – August 18, 1850), born Honoré Balzac,was a nineteenth-century French novelist and playwright. His work,much of which is a sequence (or Roman-fleuve) of almost 100 novels andplays collectively entitled La Comédie humaine, is a broad, often satiricalpanorama of French society, particularly the petite bourgeoisie, in theyears after the fall of Napoléon Bonaparte in 1815—namely the period ofthe Restoration (1815–1830) and the July Monarchy (1830–1848). Alongwith Gustave Flaubert (whose work he influenced), Balzac is generallyregarded as a founding father of realism in European literature. Balzac'snovels, most of which are farcical comedies, feature a large cast of well-defined characters, and descriptions in exquisite detail of the scene of action.He also presented particular characters in different novels repeatedly,sometimes as main protagonists and sometimes in the background, inorder to create the effect of a consistent 'real' world across his novelisticoutput. He is the pioneer of this style. Source: WikipediaDisponible sur Feedbooks pour Balzac:. Le Père Goriot (1834). La Peau de chagrin (1831). Eugénie Grandet (1833). Illusions perdues (1843). Le Lys dans la vallée (1835). Le Chef-d’oeuvre inconnu (1845). La Recherche de l’Absolu (1834). La Femme de trente ans (1832). La Cousine Bette (1847). Le Colonel Chabert (1832)Note: This book is brought to you by Feedbooks.Strictly for personal use, do not use this file for commercial purposes.CECI EST DEDIE A AUGUSTE BORGET,Par son amiDE BALZAC.Un médecin à qui la science doit une belle théorie physiologique, et qui,jeune encore, s'est placé parmi les célébrités de l'Ecole de Paris, centre delumières auquel les médecins de l'Europe rendent tous hommage, le docteurBianchon a long-temps pratiqué la chirurgie avant de se livrer à lamédecine. Ses premières études furent dirigées par un des plus grandschirurgiens s, par l'illustre Desplein, qui passa comme un météoredans la science. De l'aveu de ses ennemis, il enterra dans la tombe uneméthode intransmissible. Comme tous les gens de génie, il était sans héritiers: il portait et emportait tout avec lui. La gloire des chirurgiens ressembleà celle des acteurs, qui n'existent que de leur vivant et dont le talentn'est plus appréciable dès qu'ils ont disparu. Les acteurs et les chirurgiens,comme aussi les grands chanteurs, comme les virtuoses qui décuplentpar leur exécution la puissance de la musique, sont tous les hérosdu moment. Desplein offre la preuve de cette similitude entre la destinéede ces génies transitoires. Son nom, si célèbre hier, aujourd'hui presqueoublié, restera dans sa spécialité sans en franchir les bornes. Mais nefaut-il pas des circonstances pour que le nom d'un savant passede la science dans l'histoire générale de l'humanité ? Desplein avait-ilcette universalité de connaissances qui fait d'un homme le verbe ou la figured'un siècle ? Desplein possédait un divin coup d'oeil : il pénétrait lema-lade et sa maladie par une intuition acquise ou naturelle qui lui permettaitd'embrasser les diagnostics particuliers à l'individu, de déterminerle moment précis, l'heure, la minute à laquelle il fallait opérer, en faisantla part aux circonstances atmosphériques et aux particularités dutempérament. Pour marcher ainsi de conserve avec la Nature, avait-ildonc étudié l'incessante jonction des êtres et des substances élémentairescontenues dans l'atmosphère ou que fournit la terre à l'homme qui lesabsorbe et les prépare pour en tirer une expression particulière ?Procédait-il par cette puissance de déduction et d'analogie à laquelle estd. le génie de Cuvier ? Quoi qu'il en soit, cet homme s'était fait le confidentde la Chair, il la saisissait dans le passé comme dans l'avenir, ens'appuyant sur le présent. Mais a-t-il résumé toute la science en sa personnecomme ont fait Hippocrate, Galien, Aristote ? A-t-il conduit touteune école vers des mondes nouveaux ? Non. S'il est impossible de refuserà ce perpétuel observateur de la chimie humaine, l'antique science duMagisme, c'est-à-dire la connaissance des principes en fusion, les causesde la vie, la vie avant la vie, ce qu'elle sera par ses préparations avantd'être ; malheureusement tout en lui fut personnel : isolé dans sa vie parl'ée, l'ée suicide aujourd'hui sa gloire. Sa tombe n'est pas surmontéede la statue sonore qui redit à l'avenir les mystères que le Géniecherche à ses dépens. Mais peut-être le talent de Desplein était-il solidairede ses croyances, et conséquemment mortel. Pour lui, l'atmosphèreterrestre était un sac générateur : il voyait la terre comme un oeuf dans sacoque, et ne pouvant savoir qui de l'oeuf, qui de la poule, avait commencé,il n'admettait ni le coq ni l'oeuf. Il ne croyait ni en l'animal antérieur,ni en l'esprit postérieur à l'homme. Desplein n'était pas dans le doute, ilaffirmait. Son athéisme pur et franc ressemblait à celui de beaucoup desavants, les meilleurs gens du monde, mais invinciblement athées, athéescomme les gens religieux n'admettent pas qu'il puisse y avoir d'athées.Cette opinion ne devait pas être autrement chez un homme habitué depuisson jeune age à disséquer l'être par excellence, avant, pendant etaprès la vie, à le fouiller dans tous ses appareils sans y trouver cette ameunique, si nécessaire aux théories religieuses. En y reconnaissant uncentre cérébral, un centre nerveux et un centre aéro-sanguin, dont lesdeux premiers se suppléent si bien l'un l'autre, qu'il eut dans les derniersjours de sa vie la conviction que le sens de l'ou.e n'é-tait pas absolumentnécessaire pour entendre, ni le sens de la vue absolument nécessairepour voir, et que le plexus solaire les t, sans que l'on en p.tdouter ; Desplein, en trouvant deux ames dans l'homme, corrobora sonathéisme de ce fait, quoiqu'il ne préjuge encore rien sur Dieu. Cethomme mourut, dit-on, dans l'impénitence finale où meurent malheureusementbeaucoup de beaux génies, à qui Dieu puisse pardonner.La vie de cet homme si grand offrait beaucoup de petitesses, pour employerl'expression dont se servaient ses ennemis, jaloux de diminuer sagloire, mais qu'il serait plus convenable de nommer des contre-sens apparents.N'ayant jamais connaissance des déterminations par lesquellesagissent les esprits supérieurs, les envieux ou les niais s'arment aussit.tde quelques contradictions superficielles pour dresser un acted'accusation sur lequel ils les font momentanément juger. Si, plus tard, lesuccès couronne les combinaisons attaquées, en montrant la corrélationdes préparatifs et des résultats, il subsiste toujours un peu des calomniesd'avant-garde. Ainsi, de nos jours, Napoléon fut condamné par sescontemporains, lorsqu'il déployait les ailes de son aigle sur l'Angleterre :il fallut 1816 pour expliquer 1804 et les bateaux plats de Boulogne.Chez Desplein, la gloire et la science étant inattaquables, ses ennemiss'en prenaient à son humeur bizarre, à son caractère ; tandis qu'il possédaittout bonnement cette qualité que les Anglais nomment excentricity.Tant.t il allait [. il allait ., verbe qui manque dans Furne, rétabli ici, maisqui figurait dans les éditions antérieures.] superbement vêtu comme Crébillonle tragique, tant.t il affectait une singulière indifférence en fait devêtement ; on le voyait tant.t en voiture, tant.t à pied. Tour à tourbrusque et bon, en apparence apre et avare, mais capable d'offrir sa fortuneà ses es exilés qui lui firent l'honneur de l'accepter pendantquelques jours, aucun homme n'a inspiré plus de jugements contradictoires.Quoique capable, pour avoir un cordon noir que les médecinsn'auraient pas d. briguer, de laisser tomber à la cour un livre d'heuresde sa poche, croyez qu'il se moquait en lui-même de tout ; il avait unprofond mépris pour les hommes, après les avoir observés d'en haut etd'en bas, après les avoir surpris dans leur véritable expression, au milieudes actes de l'existence les plus solennels et les plus mesquins. Chez ungrand homme, les qualités sont souvent solidaires. Si, parmi ces colosses,l'un d'eux a plus de talent que d'esprit, son esprit est encore plus étenduque celui de qui l'on dit simplement : Il a de l'esprit. Tout génie supposeune vue morale. Cette vue peut s'appliquer à quelque spécialité ; maisqui voit la fleur, doit voir le soleil. Celui qui entendit un diplomate, sauvépar lui, demandant : . Comment va l'Empereur ? . et qui répondit : .Le courtisan revient, l'homme suivra ! . celui-là n'est pas seulement chirurgienou médecin, il est aussi prodigieusement spirituel. Ainsi,l'observateur patient et assidu de l'humanité légitimera les prétentionsexorbitantes de Desplein et le croira, comme il se croyait lui-même,propre à faire un ministre tout aussi grand qu'était le chirurgien.Parmi les énigmes que présente aux yeux de plusieurs contemporainsla vie de Desplein, nous avons choisi l'une des plus intéressantes, parceque le mot s'en trouvera dans la conclusion du récit, et le vengera dequelques sottes accusations.De tous les élèves que Desplein eut à son tal, Horace Bianchon futun de ceux auxquels il s'attacha le plus vivement. Avant d'être interne àl'H.tel-Dieu, Horace Bianchon était un étudiant en médecine, logé dansune misérable pension du quartier latin, connue sous le nom de laMaison-Vauquer. Ce pauvre jeune homme y sentait les atteintes de cetteardente misère, espèce de creuset d'où les grands talents doivent sortirpurs et incorruptibles comme des diamants qui peuvent être soumis àtous les chocs sans se briser. Au feu violent de leurs passions décha.nées,ils acquièrent la probité la plus inaltérable, et contractent l'habitude desluttes qui attendent le génie, par le travail constant dans lequel ils ontcerclé leurs appétits trompés. Horace était un jeune homme droit, incapablede tergiverser dans les questions d'honneur, allant sans phrase aufait, prêt pour ses amis à mettre en gage son manteau, comme à leur donnerson temps et ses veilles. Horace était enfin un de ces amis qui nes'inquiètent pas de ce qu'ils vent en échange de ce qu'ils donnent,certains de recevoir à leur tour plus qu'ils ne donneront. La plupart deses amis avaient pour lui ce respect intérieur qu'inspire une vertu sansemphase, et plusieurs d'entre eux redoutaient sa censure. Mais ces qualités,Horace les déployait sans pédantisme. Ni puritain ni sermonneur, iljurait de bonne grace en donnant un conseil, et faisait volontiers unde chière lie quand l'occasion s'en présentait. Bon compagnon, pasplus prude que ne l'est un cuirassier, rond et franc, non pas comme unmarin, car le marin d'aujourd'hui est un rusé diplomate, mais comme unbrave jeune homme qui n'a rien à déguiser dans sa vie, il marchait la têtehaute et la pensée rieuse. Enfin, pour tout exprimer par un mot, Horaceétait le Pylade de plus d'un Oreste, les créanciers étant pris aujourd'huicomme la figure la plus réelle des Furies antiques. Il portait sa misèreavec cette gaieté qui peut-être est un des plus grands éléments du courage,et comme tous ceux qui n'ont rien, il contractait peu de dettes.Sobre comme un chameau, alerte comme un cerf, il était ferme dans sesidées et dans sa conduite. La vie heureuse de Bianchon commen.a dujour où l'illustre chirurgien acquit la preuve des qualités et des défautsqui, les uns aussi bien que les autres, rendent doublement précieux à sesamis le docteur Horace Bianchon. Quand un chef de clinique prend dansson giron un jeune homme, ce jeune homme a, comme on dit, le pied àl'étrier [Coquille du Furne : dans l'étrier.]. Desplein ne manquait pasd'emmener Bianchon pour se faire assister par lui dans les maisons opulentesoù presque toujours quelque gratification tombait dans l'escarcellede l'interne, et où se révélaient insensiblement au provincial les mystèresde la vie parisienne ; il le gardait dans son cabinet lors de ses consultations,et l'y employait ; parfois, il l'envoyait accompagner un riche ma-lade aux Eaux ; enfin il lui préparait une clientèle. Il résulte de ceci qu'aubout d'un certain temps, le tyran de la chirurgie eut un Séide. Ces deuxhommes, l'un au des honneurs et de sa science, jouissant d'une immensefortune et d'une immense gloire ; l'autre, modeste Oméga, n'ayantni fortune ni gloire, devinrent intimes. Le grand Desplein disait tout àson interne ; l'interne savait si telle femme s'était assise sur une chaiseauprès du e, ou sur le fameux canapé qui se trouvait dans le cabinetet sur lequel Desplein dormait : Bianchon connaissait les mystères de cetempérament de lion et de taureau, qui finit par élargir, amplifier outremesure le buste du grand homme, et causa sa mort par le développementdu coeur. Il étudia les bizarreries de cette vie si occupée, les projetsde cette avarice si sordide, les espérances de l'homme politique cachédans le savant ; il put prévoir les déceptions qui attendaient le seul sentimentenfoui dans ce coeur moins de bronze que bronzé.Un jour, Bianchon dit à Desplein qu'un pauvre porteur d'eau duquartier Saint-Jacques avait une horrible maladie causée par les fatigueset la misère ; ce pauvre Auvergnat n'avait mangé que des pommes deterre dans le grand hiver de 1821. Desplein laissa tous ses malades. Aurisque de crever son cheval, il vola, suivi de Bian-chon, chez le pauvrehomme et le fit transporter lui-même dans la maison de santé établie parle célèbre Dubois dans le faubourg Saint-Denis. Il alla soigner cethomme, auquel il donna, quand il l'eut rétabli, la somme nécessaire pouracheter un cheval et un tonneau. Cet Auvergnat se distingua par un traitoriginal. Un de ses amis tombe malade, il l'emmène promptement chezDesplein, en disant à son bienfaiteur : – . Je n'aurais pas souffert qu'il allatchez un autre. . Tout bourru qu'il était, Desplein serra la main duporteur d'eau, et lui dit – : . Amène-les-moi tous. . Et il fit entrer l'enfantdu Cantal à l'H.tel-Dieu, où il eut de lui le plus grand soin. Bianchonavait déjà plusieurs fois remarqué chez son chef une prédilection pourles Auvergnats et surtout pour les porteurs d'eau ; mais, comme Despleinmettait une sorte d'orgueil à ses traitements de l'H.tel-Dieu, l'élèven'y voyait rien de trop étrange.Un jour, en traversant la place Saint-Sulpice, Bianchon sone entrant dans l'église vers neuf heures du matin. Desplein, qui nefaisait jamais alors un pas sans son cabriolet, était à pied, et se coulait parla porte de la rue du Petit-Lion, comme s'il f.t entré dans une maisonsuspecte. Naturellement pris de curiosité, l'interne qui connaissait lesopinions de son e, et qui était Cabaniste en dyable par un y grec (cequi semble dans Rabelais une supériorité de diablerie), Bianchon se glissadans Saint-Sulpice, et ne fut pas médiocrement étonné de voir legrand Desplein, cet athée sans pitié pour les anges qui n'offrent pointprise aux bistouris, et ne peuvent avoir ni fistules ni gastrites, enfin, cetintrépide dériseur, humblement agenouillé, et où ?… à la chapelle de laVierge devant laquelle il écouta une messe, donna pour les frais du culte,donna pour les pauvres, en restant sérieux comme s'il se f.t agi d'uneopération.– Il ne venait, certes, pas éclaircir des questions relatives àl'accouchement de la Vierge, disait Bianchon dont l'étonnement fut sansbornes. Si je l'avais vu tenant, à la Fête-Dieu, un des cordons du dais, iln'y aurait eu qu'à rire ; mais à cette heure, seul, sans témoins, il y a,certes, de quoi faire penser !Bianchon ne voulut pas avoir l'air d'espionner le premier chirurgien del'H.tel-Dieu, il s'en alla. Par hasard, Desplein l'invita ce jour-là même àr avec lui, hors de chez lui, chez un restaurateur.Entre la poire et le fromage Bianchon arriva, par d'habiles préparations,à parler de la messe, en la qualifiant de momerie et de farce.– Une farce, dit Desplein, qui a co.té plus de sang à la chrétienté quetoutes les batailles de Napoléon et que toutes les sangsues de Broussais !La messe est une invention papale qui ne remonte pas plus haut que leVIe siècle, et que l'on a basée sur Hoc est corpus. Combien de torrents desang n'a-t-il pas fallu verser pour établir la Fête-Dieu par l'institution delaquelle la cour de Rome a voulu constater sa victoire dans l'affaire de laPrésence Réelle, schisme qui pendant trois siècles a troublé l'Eglise ! Lesguerres du comte de Toulouse et les Albigeois sont la queue de cette affaire.Les Vaudois et les Albigeois se refusaient à e cetteinnovation.Enfin Desplein prit plaisir à se livrer à toute sa verve d'athée, et ce futun flux de plaisanteries voltairiennes, ou, pour être plus exact, une détestabledu Citateur.– Ouais ! se dit Bianchon en lui-même, où est mon dévot de ce matin ?Il garda le silence, il douta d'avoir vu son chef à Saint-Sulpice. Despleinn'e.t pas pris la peine de mentir à Bianchon : ils se connaissaienttrop bien tous deux, ils avaient déjà, sur des points tout aussi graves,échangé des pensées, discuté des systèmes de natura rerum en les sondantou les disséquant avec les couteaux et le scalpel de l'Incrédulité.Trois mois se passèrent. Bianchon ne donna point de suite à ce fait,quoiqu'il restat gravé dans sa mémoire. Dans cette année, un jour, l'undes médecins de l'H.tel-Dieu prit Desplein par le bras devant Bianchon,comme pour l'interroger.– Qu'alliez-vous donc faire à Saint-Sulpice, mon cher e ? lui dit-il.– Y voir un prêtre qui a une carie au genou, et que madame la duchessed'Angoulême m'a fait l'honneur de me recommander, ditDesplein.Le médecin se paya de cette défaite, mais non Bianchon.– Ah ! il va voir des genoux malades dans l'église ! Il allait entendre samesse, se dit l'interne.Bianchon se promit de guetter Desplein ; il se rappela le jour, l'heureauxquels il l'avait surpris entrant à Saint-Sulpice, et se promit d'y venirl'année suivante au même jour et à la même heure, afin de savoir s'il l'ysurprendrait encore. En ce cas, la périodicité de sa dévotion autoriseraitune investigation scientifique, car il ne devait pas se rencontrer chez untel homme une contradiction directe entre la pensée et l'action. L'annéesuivante, au jour et à l'heure dits, Bianchon, qui déjà n'était plus l'internede Desplein, vit le cabriolet du chirurgien s'arrêtant au coin de la rue deTournon et de celle du Petit-Lion, d'où son ami s'en alla jésuitiquementle long des murs à Saint-Sulpice, où il entendit encore sa messe à l'autelde la Vierge. C'était bien Desplein ! le chirurgien en chef, l'athée in petto,le dévot par hasard. L'intrigue s'embrouillait. La persistance de cetillustre savant compliquait tout. Quand Desplein fut sorti, Bianchons'approcha du sacristain qui vint desservir la chapelle, et lui demanda sice monsieur était un habitué.– Voici vingt ans que je suis ici, dit le sacristain, et depuis ce tempsmonsieur Desplein vient quatre fois par an entendre cette messe ; il l'afondée.– Une fondation faite par lui ! dit Bianchon en s'éloignant. Ceci vaut lemystère de l'Immaculée Conception, une chose qui, à elle seule, doitrendre un médecin incrédule.Il se passa quelque temps sans que le docteur Bianchon, quoique amide Desplein, f.t en position de lui parler de cette particularité de sa vie.S'ils se rencontraient en consultation ou dans le monde, il était difficilede trouver ce moment de confiance et de solitude où l'on demeure lespieds sur les chenets, la tête appuyée sur le dos d'un fauteuil, et pendantlequel deux hommes se disent leurs secrets. Enfin, à sept ans de distance,après la révolution de 1830, quand le peuple se ruait sur l'Archevêché,quand les inspirations républicaines le poussaient à détruire les croix doréesqui poindaient [La forme attendue est . poignaient .. Balzac a ten-dance à confondre . poindre . et . pointer ..], comme des éclairs, dansl'immensité de cet océan de maisons ; quand l'Incrédulité, àavec l'Emeute, se carrait dans les rues, Bianchon surprit Desplein entrantencore dans Saint-Sulpice. Le docteur l'y suivit, se mit près de lui, sansque son ami lui f.t le moindre signe ou témoignat la moindre surprise.Tous deux entendirent la messe de fondation.– Me direz-vous, mon cher, dit Bianchon à Desplein quand ils sortirentde l'église, la raison de votre capucinade ? Je vous ai déjà surpris troisfois allant à la messe, vous ! Vous me ferez raison de ce mystère, etm'expliquerez ce désaccord flagrant entre vos opinions et votre conduite.Vous ne croyez pas en Dieu, et vous allez à la messe ! Mon cher e,vous êtes tenu de me répondre.– Je ressemble à beaucoup de dévots, à des hommes profondément religieuxen apparence, mais tout aussi athées que nous pouvons l'être,vous et moi.Et ce fut un torrent d'épigrammes sur quelques personnages politiques,dont le plus connu nous offre en ce siècle une nouvelle édition duTartufe de Molière.– Je ne vous demande pas tout cela, dit Bianchon, je veux savoir la raisonde ce que vous venez de faire ici, pourquoi vous avez fondé cettemesse.– Ma foi, mon cher ami, dit Desplein, je suis sur le bord de ma tombe,je puis bien vous parler des commencements de ma vie.En ce moment Bianchon et le grand homme se trouvaient dans la ruedes Quatre-Vents, une des plus horribles rues de Paris. Desplein montrale sixième étage d'une de ces maisons qui ressemblent à un obélisque,dont la porte batarde donne sur une allée au bout de laquelle est un tortueuxescalier éclairé par des jours justement nommés des jours de souffrance.C'était une maison verdatre, au rez-de-chaussée de laquelle habitaitun marchand de meubles, et qui paraissait loger à chacun de sesétages une différente misère. En levant le bras par un mouvement pleind'énergie, Desplein dit à Bianchon : – J'ai demeuré là-haut deux ans !– Je le sais, d'Arthez y a demeuré, j'y suis venu presque tous les jourspendant ma première jeunesse, nous l'appelions alors le bocal auxgrands hommes ! Après ?– La messe que je viens d'entendre est liée à des événements qui sesont accomplis alors que j'habitais la mansarde où vous me dites qu'a demeuréd'Arthez, celle à la fenêtre de laquelle flotte une corde chargée delinge au-dessus d'un pot de fleurs. J'ai eu de si rudes commencements,mon cher Bianchon, que je puis disputer à qui que ce soit la palme dessouffrances parisiennes. J'ai tout supporté : faim, soif, manque d'argent,manque d'habits, de chaussure et de linge, tout ce que la misère a de plusdur. J'ai soufflé sur mes doigts engourdis dans ce bocal aux grandshommes, que je voudrais aller revoir avec vous. J'ai travaillé pendant unhiver en voyant fumer ma tête, et distinguant l'air [Coquille du Furne :l'aire.] de ma transpiration comme nous voyons celle des chevaux par unjour de gelée. Je ne sais où l'on prend son point d'appui pour résister àcette vie. J'étais seul, sans secours, sans un sou ni pour acheter des livresni pour payer les frais de mon éducation médicale ; sans un ami : moncaractère irascible, ombrageux, inquiet me desservait. Personne ne voulaitvoir dans mes irritations le malaise et le travail d'un homme qui, dufond de l'état social où il est, s'agite pour arriver à la surface. Mais j'avais,je puis vous le dire, à vous devant qui je n'ai pas besoin de me draper,j'avais ce lit de bons sentiments et de sensibilité vive qui sera toujoursl'apanage des hommes assez forts pour grimper sur un sommet quelconque,après avoir piétiné long-temps dans les marécages de la Misère.Je ne pouvais rien tirer de ma famille, ni de mon pays, au delà del'insuffisante pension qu'on me faisait. Enfin, à cette époque, je mangeaisle matin un petit pain que le boulanger de la rue du Petit-Lion me vendaitmoins cher parce qu'il était de la veille ou de l'avant-veille, et jel'émiettais dans du lait : mon repas du matin ne me it ainsi quedeux sous. Je ne is que tous les deux jours dans une pension où le r

回详情
上一章
下一章
目录
目录( 2
夜间
日间
设置
设置
阅读背景
正文字体
雅黑
宋体
楷书
字体大小
16
已收藏
收藏
顶部
该章节是收费章节,需购买后方可阅读
我的账户:0金币
购买本章
免费
0金币
立即开通VIP免费看>
立即购买>
用礼物支持大大
  • 爱心猫粮
    1金币
  • 南瓜喵
    10金币
  • 喵喵玩具
    50金币
  • 喵喵毛线
    88金币
  • 喵喵项圈
    100金币
  • 喵喵手纸
    200金币
  • 喵喵跑车
    520金币
  • 喵喵别墅
    1314金币
投月票
  • 月票x1
  • 月票x2
  • 月票x3
  • 月票x5